Si l'on part du principe qu'aujourd'hui les nouveautés papier sortiront
simultanément en version numérique, voyons comment s'articule la
répartition des coûts pour chaque version : le cas simple de deux livres
au contenu identique.
Un livre papier, vendu à 21 euros :
fabrication : 15 %
distribution : 12 %
marketing : 8 %
auteur : 10 %
libraire : 36 %
éditeur : 19 %
Marge brute* : 4 euros
Le même livre, en version numérique, vendu à 17 euros :
stockage sur serveur : 9 %
marketing : 10 %
auteur : 15 %
librairie numérique : 30 %
éditeur : 36 %
Marge brute* : 6,10 euros
Et l'on sait par ailleurs qu'un livre en version numérique ne coûte
pratiquement rien à réaliser dans la mesure où il est conçu en même
temps pour un format papier. La version numérique devrait être beaucoup
beaucoup moins chère et ce n'est guère le cas.
Un autre exemple significatif, si l'en est, le livre de François
Hollande, Changer de Destin, paru le 23 février dernier chez Robert
Laffont. 8,55 euros pour 180 pages reliées brochées, et 6,99 euros pour
un format Kindle. On sait que ce livre a été tiré à 70 000 exemplaires
par un imprimeur de l'Eure qui a mobilisé six ouvriers pendant dix
heures pour sa réalisation palpable. On apprend aussi que la mise en
page de ce texte, destinée à l'impression a été facturée à l'éditeur 1
000 euros. La mise en page numérique réalisée en parallèle n'engendre
aucun surcoût puisque non facturée à l'éditeur.
Alors, évidemment :
- Un texte brut sans image peut être très rapidement mis en page pour un
format numérique dont on aura au préalable réalisé la maquette de la
version papier.
- Il existe certes des accords entre éditeurs pour maintenir le prix
d'un livre de poche à un même niveau, que ce soit une nouveauté ou une
réimpression.
- La TVA unique sur le livre papier (5,5 % pour le moment) est bien
moindre que celle imputée sur les produits numériques dont le livre
numérique fait partie (19,6).
N'empêche. Il serait bien bon de voir les versions numériques
accessibles à un bien moindre coût, surtout dans le cas de livres non
enrichis, qui ne sont ni plus ni moins qu'un copié/collé de la version
papier. Certaines maisons d'édition vont sans doute devoir sortir de
leur niche confortable et bien rodée, si tant est qu'une telle niche
puisse l'être...
Données recueillies dans Capital, M6, 19 février 2012.
*sur laquelle seront prélevées les charges, avant bénéfices donc.
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